mercredi 3 novembre 2010

Encore le bus

La dernière (dans le sens de plus récente; j’ai comme une vague impression qu’il y en aura d’autres)histoire de bus! J’achète, dans une agence, un billet pour le bus de nuit Jodhpur-Bundi. Le type fait la réservation sur Internet et m’imprime le relevé, tout ce qu’il y a de plus professionnel. Il m’explique que je dois me rendre à la gare de Poata. Le soir venu, je me trouve un auto-rickshaw (petit trois roues appelé aussi tuk-tuk)pour me rendre à la dite gare. Government bus stand me dit le chauffeur. No, private bus stand, VK Jain bus company, je lui réponds. Il en discute avec ses collègues chauffeurs de tuk-tuk, et chacun à son tour vient m’affirmer que Poata c’est pour les autobus publics. Je ne peux que répéter ce que le type de l’agence m’a dit et pointer du doigt l’endroit sur mon papier où c’est inscrit Poata Office. Ils en discutent encore pendant que j’essaie d’analyser mes options. Je ne vois pas d’autre choix que d’insister et de demander à d’autres chauffeurs jusqu’à ce que j’en trouve un qui connaît. Pourtant, ils sont déjà 6 ou 7 à débattre de la question. Bon, au pis aller, je passerai une autre nuit à Jodhpur et retournerai à l’agence le lendemain matin. Ce n’est pas mon scénario préféré, mais je ne vois pas ce que je peux faire d’autre.

Après quelques minutes de discussions, il y a en un qui s’avance et qui me dit OK,OK. OK, OK??? OK OK what? Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais au moins ça bouge. J’embarque avec lui, ayant réussi à faire baisser le prix des 80 roupies demandé à 50. On roule un bon 10 à 15 minutes et nous voilà rendus aux abords de la ville. Je ressens une pointe d’angoisse; c’est vraiment pas bien éclairé ici et je n’ai franchement pas la moindre idée où on est. Le chauffeur parle peu anglais et a une gueule pas particulièrement sympathique. Je respire par le nez et me rappelle que jusqu’à date, ça finit toujours, malgré les apparences, par marcher. Après 20 minutes, il arrête sur le bord de la route où se trouvent une quinzaine de kiosques alignés. Ce n’est certes pas une gare d’autobus, mais il y des gens avec des bagages. Il me pointe une des kiosques du doigt. C’est bien inscrit VK Jain. Je lui remets 50 roupies, et un 10 de plus. Il m’affiche un large sourire, me serre la main, puis repart dans la nuit.

Je me dirige vers le kiosque et remets mon beau papier officiel au préposé, qui indique que j’ai une réservation. Il le regarde d’un air dubitatif pendant ce qui me semble être une éternité. Ma pointe d’angoisse, tout récemment disparue, refait rapidement surface (elle n’était pas si loin après tout) et j’interpelle le préposé avec un regard mi point d’interrogation mi-supplication. It’s OK dis-je? Il hoche la tête comme seuls les indiens savent le faire, plie mon papier, et le met sous la pile. Bus coming in 15 minutes, you wait me sert-il comme réponse. Do I need a ticket, some paper to show in the bus? No. Bon, ça devrait aller… j’espère… Pas clair me dit la petite voix fatigante et source d’angoisse. Ta gueule je lui réponds. On s’assoit, la petite voix et moi, on prend une gorgée d’eau et on attend en regardant le spectacletoujours surprenant qu’est le quotidien par ici.

Il ya des bus de diverses compagnies qui arrêtent, et à chaque fois je regarde le préposé, mais pas de veine, il faudra angoisser encore un peu… Finalement, j’entends Kota-Kota, Bundi-Bundi! C’est le mien. La destination finale est Kota, on arrêtera à Bundi vers 5h30 du matin. Ma petite voix me dit de prendre garde de ne pas manquer l’arrêt à Bundi. D’accord lui dis-je, je veille au grain.

Je me rends à ma couchette et m’installe. La route est très cahoteuse, difficile de dormir. J’écoute donc un peu de musique et finit par m’endormir vers 1 ou 2 heures. J’essaie de garder une oreille ouverte, mais suis confiant que l’arrêt à Bundi sera assez long pour que je ne le manque pas. Erreur. Lorsque j’entends Bundi-Bundi, je commence à ramasser mes affaires. L’autobus arrête 15 secondes, personne ne débarque et un jeune homme embarque. On est au milieu de nulle part, alors je me dis qu’on n’est pas tout à fait rend. Erreur. Le bus repart. Après deux minutes, je ne vois pas signe d’une ville. Je prends donc la précaution de me rendre à l’avant du bus et demander Bundi here? Le chauffeur me regarde d’un air hébété. Il arrête et je comprends que Bundi, c’était l’arrêt d’il y a deux minutes. Here, here me dit-il. Where can I get a rickshaw? Un passager (indien) du bus semble indiquer au chauffeur de me déposer un peu plus loin à la gare de train. Ça discute ferme. À ce moment, un monsieur conduisant une mobylette apparaît et un autre individu (ils sortent d’où tous ces gens) me convie à embarquer sur la mobylette. Je comprends que pour 20 roupies, le type de déposerait à l’arrêt d’autobus. D’accord. C’est donc avec mon gros sac sur le dos et mon petit sac sur une épaule que j’enfourche la petite moto, et on y va. Pas trop vite monsieur, on centre de gravité est fortement vers l’arrière! No problem, no problem! No problem for you… Je réussis à tenir le coup pour les deux kilomètres qu’il faut pour retourner à l’endroit où sont les autos-rickshaws. Je débarque, suis immédiatement entouré de gens dont la plupart sont des chauffeurs qui veulent que je retienne leurs services. Il y en a un par contre qui me somme de payer le monsieur 50 roupies plutôt que les 20 convenus. Incroyable. Je me demande à chaque fois « D’où tu sors, pis de quoi tu t’mêles!?? ». Enfin, on règle pour 20 roupies, puis je dépose mes choses sur le bord d’un muret et décide de prendre une petite pose avant de poursuivre, histoire de reprendre un semblant de contrôle sur la situation.

Après la pause, je me rends (sans histoire) à un hôtel choisi au hasard dans le guide. Je prends une chambre plutôt ordinaire, mais comme il est 6h30 du matin, que je suis fatigué, pas question de faire le difficile. Je dormirai jusqu’à midi. La fin de cette histoire c’est que je me ferai piquer toute la nuit suivante dans cette piaule et que je devrai changer d’hôtel le lendemain. La fin de la fin de cette histoire c’est qu’un Israélien sympathique rencontré à Rishikesh me recommandera un hôtel tout neuf qui fait des prix imbattables pour des chambres toutes propres. Tout s’arrange toujours dis-je à me petite voix. On verra bien me dit-elle, on verra bien…