dimanche 12 décembre 2010

Que des mots

Les vaches
Ce n’est pas tellement qu’il y en a des milliers. C’est juste qu’elles sont les reines de la place. Elles marchent dans le milieu de la rue, se couchent sur le pont piétonnier, et flânent devant les commerces. Les piétons, motos et autos les contournent, créant des bouchons qui ralentissent la circulation et causant des accidents. Pas question de les faire bouger. C’est curieux au début, puis frustrant, puis enfin, tout simplement une autre facette de la vie en Inde. Faut pas toujours chercher l’efficacité…

Des vaches partout, ça veut dire de la bouse de vache partout. Là aussi, à un moment donné, ça devient seconde nature de regarder par terre et de s’assurer de ne pas poser le pied au mauvais endroit. Je ne ressens même plus de dégout.

Ou presque.
Reste que, quand je vois une vache chier sur la place publique (c’est semi-liquide et ça tombe de haut, donc ça éclabousse), le cœur me lève un peu et je me dis que vraiment, c’est pas très hygiénique.

Et parfois, il faut enlever nos chaussures là où les vaches sont autorisées à circuler…

Arnoo
Arnoo est un Rajput (habitant du Rajasthan) de 24 ans. Je l’ai rencontré dans le bus pour Jaipur, la ville où il habite. Arnoo est de classe moyenne. Il parle plutôt bien l’anglais, est vêtu d’une chemise (relativement) propre et d’un jeans. Il travaille pour une grande banque indienne.

Son père est décédé il y a quatre ans. Chaque année, pour commémorer l’anniversaire du décès de son père, Arnoo et sa mère font un pèlerinage à Haridwar, une des nombreuses villes saintes située sur les rives du Ganges. Ils quittent Jaipur le soir vers 21 heures et arrivent à Haridwar le lendemain matin vers 10 heures. Ils passent la journée dans la ville, à faire des offrandes dans les temples et à servir de la nourriture aux mendiants. En fin d’après-midi, ils reprennent le bus pour faire les 13 heures qui les ramènera à Jaipur vers 6 heures AM. Arnoo m’assure qu’il prendra alors une douche, mangera le petit déjeuner et se rendra au travail.

Les « sleeper-bus »
Je n’avais jamais vu rien de tel. Sur un coté du bus, deux rangées superposées de «cabines» de 6 pieds de long (c’est serré un peu) et 2 pieds de large, des single sleepers. De l’autre coté, une vingtaine de sièges, et par-dessus, une autre série de cabines de 5 pieds de large, des double sleepers. Il y a soit des petits rideaux qu’on peut tirer et/ou des panneaux coulissants en « plexiglass » teints et nous voilà en pleine intimité pour roupiller.

J’ai fait quelques trajets en single sleeper, et j’avoue que j’ai plutôt bien dormi, sauf quand la route est très cahoteuse. C’est pas mal plus confortable qu’un banc qui s’incline plus ou moins. Souvent, de l’autre côté de l’allée centrale, une famille d’indiens partagent un double sleeper, donc pour le tarif de deux personne, les parents et deux enfants peuvent dormir relativement confortablement. Une bonne idée…

Les vieilles villes, les rues étroites et les motos
Les vieilles villes et leurs rues étroites, trop étroites pour que les autos puissent y circuler, c’est merveilleux. Mais la prolifération des motos les transforme en cauchemar. Les motos, les piétons et les vaches ne font pas un heureux mélange. Outre le danger (réel) de se faire frapper, car les jeunes hommes aiment bien rouler en cowboys, il y a les émanations de monoxyde de carbone, et surtout, le bruit. Le bruit des moteurs, mais surtout, surtout, les klaxons. Certains ont des tonalités extrêmement perçantes (mon père appelait les klaxons des criards; c’est assez à propos dans ce cas), d’autres encore se font poser des klaxons d’autos pour attirer davantage l’attention. De plus, il est dans la culture de klaxonner constamment. Me semble qu’il serait de mise de revoir cette cohabitation. Remarquez, c’est une opinion bien personnelle et celle d’un touriste…

Les téléphones portables
Il paraît qu’il y a plus de 600 millions de téléphones portables en Inde. Le coût à l’achat est minime, et le coût d’utilisation l’est également (moins de 2 cents la minute pour appeler à 400 km et moins de 15 cents la minute pour appeler aux États-Unis). Les gens les portent souvent à la main, et ils servent d’appareil photo, de lampe de poche, de livre d’adresse et de source de musique. Surtout, ils parlent au téléphone souvent et longtemps, en particulier dans les transports.

Quand on veut me donner une adresse ou un numéro de téléphone, on ne me demande jamais si j’ai un papier et un crayon. On me demande si j’ai un « mobile ». Quand je dis non, plus souvent qu’autrement, on me répète la question, incrédule…

La Polonaise
À Jaisalmer, j’ai rencontré une polonaise dont le nom m’échappe. C’est une jeune femme charmante et intelligente. Elle s’est amouraché d’un chamelier/homme à tout faire qui travaille pour l’hôtel où nous je logeais. Ils communiquent en anglais, donc chacun utilise sa langue seconde. Ils se sont rencontrés à l’hôtel il y a moins d’un mois. Elle a donc changée ses plans de voyage et elle reste à Jaisalmer pendant qu’elle remet sa vie en question. Elle étudie les possibilités de vivre en Pologne avec lui (I want to bring him to Poland, dit-elle), ou même ailleurs en Inde. Elle fait donc des démarches pour l’immigration, pour lui trouver un travail et elle envisage sérieusement la possibilité de se marier.

Sa famille et ses amis s’inquiètent pour elle. Ils ne peuvent pas comprendre me dit-elle; il n’est pas comme les autres…

Je lui ai souhaité bonne chance avec ses projets.

Les moustaches et les bijoux
Un sondage non-scientifique mené par la firme Touchette et Gosselin place la proportion d’Indiens portant la moustache (avec ou sans barbe, mais très majoritairement sans) à près de 85 %. De toutes les formes, des toutes minces aux plus touffues, c’est le symbole par excellence de la virilité indienne. Faut croire que leurs femmes aiment…

Les bijoutiers font des affaires en or (!) ici. Il y en a partout, les stars en font la promotion à la télé et sur des immenses panneaux-réclame et les femmes en portent tous. Faut croire que leurs maris aiment…

Sundaran
Sundaran est une dizaine d’amis sont partis en pèlerinage à vélo. Je les ai rencontrés alors qu’ils prenaient une pose pour boire une noix de coco sur le bord de l’autoroute. Sur des vieux vélos à une vitesse, ils parcourront les 450 kilomètres qui séparent Madurai de Chennai en cinq jours, s’arrêtant dans différents temples en chemin. Ils n’avaient pas de chaussures, aucun bagage, pas même des bouteilles d’eau. C’est vrai qu’on n’est jamais loin de la civilisation ici. Faut l’faire quand même…

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