lundi 9 août 2010

Le trolley

Le soleil, plutôt timide depuis notre arrivée en Inde, est resplendissant ce matin. On en profite pour faire une ballade de Kibber à Chicham, le prochain village en amont. Ce sera facile, de notre petit hôtel on voit que la route descend vers une vallée puis remonte de l’autre côté, une à deux heures de marche devraient suffire. On y va d’un pas léger, le paysage est superbe. Après 45 minutes de marche, on voit mieux la route qui serpente vers le fond de la vallée. En fait, il s’agit d’un ravin très profond et très escarpé. Il faudra ajouter minimalement une heure à la marche, à moins que… C’est Alex qui l’aperçoit en premier. Un petit panier de métal accroché à un câble d’acier suspendu à environ 150 mètres au-dessus de la rivière, et reliant les 100 mètres qui nous séparent de l’autre versant. Alex n’a aucun doute. C’est par là qu’on passe. Outre le fait de se sauver une heure de marche, c’est une expérience à vivre. Nos discussions ces derniers jours portent beaucoup sur l’importance d’être ouvert, de ne pas se laisser guider par nos peurs, de dire oui à ce que la vie nous présente. Merde, c’est pas à ce genre de chose que je pensais… J’essaie de lui faire comprendre qu’on peut décliner certaines offres, non pas par peur, mais simplement par préférence. On n’est pas obligé de TOUJOURS dire oui. Peine perdu, je suis peu convaincant...

Difficile de vous expliquer précisément comment ça fonctionne. En gros, on s’assoit dans le panier, on se laisse aller et on glisse allègrement environ la moitié de la distance. De là, on doit tirer sur une corde apposée avec des anneaux sur le fil de fer et reliée à des fixations des deux côtés. Vaut mieux regarder les photos pour mieux comprendre.

On se lance donc. Alex manipule la corde, et moi je prends des photos, chacun sa spécialité. Au début, c’est une poussée d’adrénaline, mais après, c’est simplement la corvée de tirer la corde, ne pas trop penser qu’on est 150 mètres en haut d’un gouffre, et surtout se convaincre qu’un inspecteur agréé passe une fois par semaine pour vérifier la conformité du système avec les normes ISO. L’expérience est de courte durée, on est de l’autre côté en moins de deux minutes. J’ai réussi. Je peux cocher dans la petite case et ne pas me sentir obligé de récidiver. Jusqu’au retour… Fin PM, on a marché toute la journée, j’ai les jambes lourdes et je me demande ce qui est pire : descendre et remonter le sentier, ou affronter de nouveau ma peur de mourir.

Et puis, allons-y pour la mort; on y a survécu une fois, pourquoi pas deux, on a l’habitude maintenant. Vous le devinerez, nous avons relevé le défi. Comme le dit l’adage : La jeunesse c’est la victoire de l’aventure sur le confort. Je ne suis pas encore trop vieux…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire