mardi 17 août 2010

A snap?

A snap? Can? J’ai entendu souvent ces mots (ou une variante de ceux-ci) au cours de la fin de semaine. Je suis à MacLeod Ganj, à 10 km de Dharamsala, là où se situe le siège du gouvernement en exil du Tibet et donc la résidence principale du Dalaï Lama. Outre cette distinction tout à fait unique, c’est également une station de montagne bien courue par les Indiens qui tentent d’échapper à la chaleur de la plaine. Il y a donc un grand nombre de touristes indiens de ces jours ici, même s’il pleut tous les jours.

Dimanche dernier, j’ai décidé de faire la ballade de deux kilomètres menant au village de Bagshu. On y retrouve une source d’eau « sacrée » qui se déverse dans une piscine où se baignent les hommes indiens, ainsi qu’une chute qui se situe dans un paysage bucolique, peut-on lire dans le guide. Parfait, j’ai besoin de m’éloigner de la horde de touristes et du bruit incessant des klaxons. Je n’ai pas encore appris qu’il n’est pas de mise d’avoir trop d’attentes en Inde. Surtout quand l’attente rime avec tranquillité et solitude…

Je me dirige donc sur la petite route qui mène à Bagshu. Dès mes tous premiers pas, je trouve qu’il y a pas mal de monde sur la route. Plus encore, il y a un embouteillage monstre qui durera les deux kilomètres qui me séparent de ma destination. Il semble qu’on soit non seulement dimanche, mais le jour de l’Indépendance de l’inde, donc férié. Le trafic est complètement figé. Les gens klaxonnent tout d’abord furieusement, puis après un certain temps, sortent de leur voiture et s’écrasent au beau milieu de la chaussée pour manger ou jouer aux cartes. Autre pays, autres mœurs. Faudra être patient. Le trajet à pied a donc des allures urbaines, mais j’avoue qu’il règne une ambiance tout de même particulière.

Une fois sur place, je suis un peu surpris de constater que la piscine n’est ni un bain, ni un étang, mais bien… une piscine! Une meute de jeunes, et certains moins jeunes, indiens sautent à l’eau et s’arrosent comme des enfants. Les autres restent sur les abords et prennent des photos avec leurs téléphones portables ou avec des petits appareils numériques. C’est alors qu’un jeune homme m’aborde. A snap? Can? Dit-il, affichant un large sourire. Hmmmm…. Voilà un bon test pour mon anglais. J’ai beau me creuser la cervelle, je ne trouve mieux que de hausser les épaules et sourire à mon tour. Le type s’essaie de nouveau, mais cette fois il pointe son portable et ajoute un mot à la série. A snap? Can take? C’est beaucoup plus clair. Et puis, je me rappelle que ma chère mère, britannique d’origine, avait – et a toujours -l’habitude d’appeler des photos, des snapshots, ou snaps. Serait-ce que les colonisateurs ont légué de terme obscur aux indigènes? Fier de cette déduction, j’acquiesce volontiers, ne sachant exactement qui doit prendre une photo de qui, mais bon, ça coût rien.

Et c’est parti. On me prend en photo. On me prend en photo avec l’ami. On me prend en photo avec l’autre ami. On me prend en photo avec le groupe, avec les enfants, avec tout le ON me demande aussi de les prendre en photo. À deux, à trois, en groupe, you name it. Je me prête au jeu. Tout le monde s’amuse, on prend des poses, on rit est en vacances!

Je finis par m’extirper de là pour me diriger vers la chute. Pas plus que deux minutes plus tard, je tombe sur une groupe de jeunes Punjabis qui décident de m’adopter, je ne sais trop pourquoi. You like India? Me dit l’un. I love India! Je réponds. Yessssssssssss crient-ils en cœur! You like Indian people? I love Indian people. Yessssssssssssss!! C’est parti, je me suis fait des amis. On marche donc bras dessus, bras dessous, chacun tentant de se coller sur moi et de me poser les questions usuelles : What your country? How old you? Where you go? You like India (encore)? You like Indian people? I love… Yessssssssssssssssssssss!!!

En tout cas, ils sont de bonne humeur. Ils m’entraînent sur des rochers au bas de la cascade et sortent une bouteille de whisky. Je sens que ça va être difficile de refuser. Ce serait pas de bon ton disons. Surtout qu’on est de vrais bons amis maintenant. On trinque, on prend des photos et on rigole, on s’aime.


Yessssssssssssss!!! C’est la fête quoi! Pas tout à fait ce que j’avais en tête comme journée, mais This is India, and I love…. Oui je sais vous avez compris.

Après avoir vidé la bouteille, nous titubons vers la piscine où je laisserai mes amis prendre soin des plus amochés. Le retour sera tout aussi animé, je me suis fait plein d’autres amis, les abordant d’un large sourire, lançant, en pointant vers mon appareil photo : A snap? Can?

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